tisdag 15 augusti 2017

FLAMNET- AGORA : Portait d'un grand combattant de la liberté (partie 1) par Abou. H.SY.


Il y a longtemps que ce projet me taraudait l'esprit, rendre hommage à ce camarade convaincu, cet ami fidèle et ce confident muet comme une tombe. Mais en réalité, je ne savais ni sous quel format, ni quand entamer cette tâche, encore moins par quel bout commencer, tellement l'Homme est multidimensionnel. Fallait-il écrire sa biographie? N'était-il pas très tôt de parler de quelqu'un qui n'était qu'au zénith de sa vie? Me disais-je parfois. Fallait-il  parler de l'Homme de culture? Du technocrate? (Vous avez bien lu technocrate) ou tout simplement du militant invétéré?

Mais assez d'excuses, lasse que je suis de voir des " portraits" de ce grand combattant de la liberté qui, même mis  bout à bout ne capturent pas toute la dimension de l'homme. Au risque de l'indisposer, connaissant son humilité naturelle, sa modestie sincère et sa sobriété légendaire; j'ai décidé aujourd’hui de me jeter à l'eau, il aurait certainement préféré l'expression " franchir le Rubicon" eu égard à son raffinement culturel.

Je vais vous raconter mon très cher ami Mouhamadou Touré dit Kaaw ou tout simplement Elimane Bilbassi comme il a fini par être connu dans le monde virtuel; Kaaw Tokossel pour la famille et les intimes. L'inamovible chargé de communication et porte-parole des FLAM et des FPC. Mais je préfère l'appeler par son sobriquet peu connu de N'GUZ.
J'ai connu Kaaw pendant les années de braises; lorsque nous étions tous deux très jeunes, mais " il mangeait déjà avec les grands" tellement " ses mains étaient propres". Ceux qui l'ont côtoyé peu avant moi m'ont rapporté un militantisme précoce. Pouvait-il en être autrement pour cet enfant  à quelques jets de pierres de la mythique
" Ceenal Bilbassi"?  Kaaw a commencé à militer dans les langes, j'allais dire dans le berceau mais ceux-ci sont inconnus dans sa contrée; Diowol Saaree Sebbee; car confronté comme tout enfant negro-mauritanien au racisme brut, presque normal de l’Etat. Mais n'étant pas un enfant comme les autres, il n'a pas passé longtemps à chercher la réponse. Il a vite compris, il fallait résister. C'est pourquoi il s'engagea très tôt dans la résistance culturelle, à travers la légendaire association " Jaalo Wali". Il était  loin de savoir en ce moment-là, que le régime lâche de Taya l’avait déjà dans la visée. 1986 publication du manifeste du négro-mauritanien opprimé, l´arrestation de tous les leaders de l´organisation. Manifestation et protestation à Nouakchott. Kaaw et quelques jeunes de Jowol organisèrent la première manifestation publique et ouverte contre le régime militaire de Taya à l´intérieur du pays. Le village des guerriers de Bilbassi fut encerclé et mis sous un état de siége, arrestation d´une cinquantaine de jeunes du village, Kaaw faisait partie du lot des détenus. De guerre lasse, les forces de sécurité finirent par le jeter en prison et il avait à peine ses 18 ans et qui faisait de lui le premier plus jeune prisonnier politique du colonel sanguinaire Ould Taya. Voulait-on les humilier ou les dompter? Mais c'était sans compter avec la témérité de ce descendant des seigneurs du Mandé.

La bienveillance de Dieu, la protection de ses ancêtres et les bénédictions de ses parents finirent par le faire traverser le fleuve en décembre 1987 et d´échapper à la chasse des hommes du redoutable tortionnaire, le commissaire Cheikh qui semait à l´époque la terreur dans la vallée. Il lui est reproché d´avoir initié et dirigé encore une fois avec quelques jeunes lycéens de Kaëdi une grève de protestation contre l´exécution des premiers martyrs de la cause négro-africaine, les jeunes officiers Ba Seydi, Sy Saidou et Sarr Amadou. Et c'est au pays de la Teranga qu'Elimane Bilbassi fourbit ses armes pour aller à l'assaut de l'Etat raciste mauritanien. 
Prêtez moi alors vos oreilles (vos yeux dans ce cas), je vais vous narrer dans mon style droit, (celui qu'il me connait bien) c'est à dire venant droit du Cœur, que la raison n'a pas encore enjolivé. Cette curieuse raison qui a toujours tendance à peser et à sous-peser toute parole contre les normes sociales quitte à en faire souffrir la vérité.
Assurément un seul jet ne suffirait pas à appréhender N'GUZ car sa vie est ...toute une vie.


Kaaw Toure l'intellectuel:
Ce qui frappe de prime abord chez Kaaw est sa maitrise de la langue de Molière et sa très vaste culture littéraire. C'est de loin l'un des meilleurs de notre génération, celle des 88ards. Je peux même affirmer sans ambages que "c'est le meilleur parmi eux" comme dirait sa favorite tante Viviane Wade. En effet, dans le même texte, il peut convoquer la mythologie grecque, citer un auteur de la pléiade et décrire une fresque orientale.
Surprenant pour quelqu'un qui a connu l'école formelle dans la deuxième décennie après les indépendances ou tout foutait le camp en Mauritanie, au moment où la médiocrité et le desordre généralisé s'installait avec l'arabisation des premières années de l'enseignement fundamental.
Il n'était pas non plus bien loti au lycée Limamoulaye, qui était bien loin de l'excellence qu'il connait aujourd’hui, mais comme à son habitude, il a su tiré son épingle du jeu et passé son bac avec brio au-dessus de la mêlée.
C'est à la prestigieuse Ecole nationale d'Economie Appliquée (ENEA) qu'il a fait ses  humanités, ou il a côtoyé de nombreux cadres africains: des maliens, des béninois, nigériens, tchadiens, malgaches, camerounais, des comoriens... qui sont retournés occuper de hautes fonctions dans leurs pays ou dans des organisations internationales.
Que de ministres ou de directeurs que Kaaw connait, personnalités qui ont lui offert de nombreuses opportunités qu'il a toutes déclinées préférant continuer la lutte. "La lutte continue" qui ne lui connait pas ce slogan?
Il aurait pu être un Enarque, personne n'aurait rien à y redire car c'est un prodige. Ce littéraire reconverti est en réalité un ingénieur de formation, qui l'aurait cru. Ne vous y trompez guère, son éternel béret français ne cache pas seulement une grosse tète, mais une tête bien pleine, celle d'un planificateur doublé d'un démographe. Quel gâchis pour la Mauritanie!
Mon ami est un artiste accompli, je dirai presque complet. En effect, Kaaw est un chanteur, compositeur, poète, parolier, écrivain, dramaturge... Les seules formes d'art qu'il n'a pas taquiné sont le 7eme ou peut être les arts plastiques, encore que ça ne serait pas surprenant s'il s'y aventure de temps à autres, lui qui fréquentait la même gargote que Joe Ouakam.
N'GUZ est un polyglotte; il comprend l'arabe, s'exprime très bien dans la langue de Shakespeare, maitrise le suédois... Curieusement  la seule langue qui semble  lui échapper est celle de Kooc Barma, même Lobbatt Fall la parle mieux que lui.

Fin du premier jet
La lutte continue!

Abou Hamidou Sy - FPC Amérique du Nord

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