onsdag 31 oktober 2018

MÉMOIRE DE HABIB:

 "Comme chaque année, comme chaque avril, souvenons-nous. Souvenons-nous, à la mémoire de ceux qui sont morts sans savoir pourquoi, de tous ceux qui sont partis un jour contraints et forcés, sans avoir le temps d'emmener leur âme. Se souvenir, ce n'est pas réveiller les vieux démons mais tenter de les exorciser une fois pour toutes, de se débarrasser de cette faute." Habib Ould Mahfoudh.

ANECDOTE :

 Un homme demanda un jour au grand Érudit Foutanké feu Elhadj Mahmoud Ba le fondateur du mouvement El Falah : "Thierno, est ce que si je vous suis pouvez- vous me faire rentrer au Paradis?"
Le Cheikh fait semblant d'ignorer la question. Devant l'instance de ce dernier, Elhadj Mahmoud lui retorqua : "Ce dont je suis sûr c'est que si tu me suis, Inchallah , je peux te faire rentrer à Djeol (mon village) mais autre chose je ne peux te le promettre''.
C'est pour nous dire seulement qu'aucun Homme de Dieu ou marabout ne peut nous promettre ou nous assurer du paradis. Dieu n'a pas besoin d'intermédiaire.

Nous en savons les périls

Notre combat n´est pas moins légitime que celui que l´ANC a mené en Afrique du Sud contre l´Apartheïd. C´est un combat pour la dignité, pour la vie. Nous en savons les périls. Mais nous les assumons avec la ferme conviction qu´il ne peut y avoir de sacrifice trop lourd pour la liberté et la justice. 
Les régimes racistes en Mauritanie peuvent changer d´animateurs mais jamais la volonté de marginaliser les communautés noires de notre pays. Et, cette réalité ne changera pas aussi longtemps que ces populations méprisées, discriminées, déportées, exilées n´auront pas osé ce que les autres peuples ont osé pour se libérer des dictatures féroces ou des systèmes aliénant.
En tout état de cause, les hommes et les femmes imprégnés des idéaux des FPC n'abdiqueront jamais. Ceux qui sont restés à Walata, ceux qui sont couchés à Inal, à Jreïda, à Azlat, à Nbeyka, et partout ailleurs dans les cimetières d´intolérance et de la bétise du racisme. Les objectifs n´étant pas encore atteint, c´est évident que la lutte doit continuer.
LLC!

UN NÈGRE DE SERVICE

ARCHIVES DE FLAMNET:
UN NÈGRE DE SERVICE- CARICATURE DE NOTRE JOURNAL EN MAI 1990 PENDANT LES ANNÉES DE BRAISE.

UN NÈGRE DE SERVICE: Dans notre entendement un nègre de service c´est celui qui vend sa dignité, son honneur, qui lèche des bottes, qui courbe l´échine, qui joue à l´avocat du diable, qui nie l´épuration ethnique, l´esclavage, le racisme d´Etat pour obtenir les faveurs du bourreau de son peuple, en un mot un collaborateur et un souteneur (dans tous les sens) du Système abject et inique du pays. C´EST TOUT. LLC!

måndag 29 oktober 2018

DEVOIR DE MÉMOIRE: OCTOBRE 1986

« Pour lutter contre l´oubli du génocide les pères doivent pratiquer sur leurs enfants une « transfusion » de mémoire » Thomas FERENZCI.


Le 30 octobre 1986 fut ma première nuit dans les geôles de la dictature militaire. 32 ans après je me souviens comme si c'était encore hier. Les séquelles de tortures physiques et morales toujours vivantes et indélébiles à jamais. Des moments insoutenables devant la méchanceté humaine qui ont marqué à jamais le jeune militant de 18 ans de l'époque et qui on forgé en moi le jeune résistant et rebelle de toujours. 
 je remercie Dieu d'avoir eu au moins cette "chance" de sortir vivants dans les prisons mouroirs du Système. D'autres camarades et amis n'ont pas eu cette chance et sont tombés sur le champ d'honneur en héros. Nous les rescapés ou survivants continuons cette lutte que nous avons entamé ensemble depuis des années avec ces camarades disparus mais toujours vivants en nous, dans nos pensées et dans nos coeurs. Certains ont survécu à la terreur et à la mort ce n'était pas un choix ni un reniement encore moins une faveur mais juste une chance et par miracle. Les survivants et rescapés des geôles pouvaient périr eux aussi mais l'essentiel aujourd'hui hui est qu'ils n'ont pas renié leur engagement ni trahi leurs camarades martyrs. C'est par devoir et fidélité au pacte signé avec ces martyrs et compagnons de lutte que nous continuons cette lutte et essayons de perpétuer leurs mémoires. Si nous relatons ces faits et mémoires ce n'est ni par forfanterie ou autre égo mal placé mais par devoir de mémoire, le refus de l'oubli et de l'impunité mais surtout aussi comme disait l'autre un devoir de "transfusion de mémoire" à la nouvelle génération qui n'a pas vécu ces années de braise pour comprendre que nous venons de loin. Ce témoignage comme disait le président Samba Thiam dans sa préface du livre "J'étais à Oualata" du camarade Boye Alassane : " la preuve éclatante de l'échec cuisant du tyran qui a cru, par la force et l'humiliation, briser à jamais la volonté de ses adversaires politiques...briser jusqu'au ressort psychologique et moral de leurs personnalités. En vain...". 
Demain il fera jour, malgré les obstacles, le nihilisme et le négationnisme, pour que toutes les victimes de cette épurations ou barbarie soient un jour réhabilitées et honorées c'est le sens de cette lutte

Je remercie Dieu d'avoir toujours tenu contre vents et marées malgré les tentations, les offres mirobilantes du Système et la répression sauvage. Comme hier devant mes geôliers je renouvelle encore mon serment de toujours exprimé dans " Le manifeste du négro-mauritanien opprimé" de 1986 : 
- Jurons sur notre honneur de ne jamais transiger ni avec le devoir, ni avec la conscience, de ne jamais nous départir de nos positions justes et honnêtes, de nous maintenir dans ces positions jusqu' à la disparition totale de toute tyrannie, domination et oppression exercées sur la communauté noire et jusqu'à ce que tout citoyen mauritanien vive libre, digne et heureux en Mauritanie.
Nous n'oublions pas.
Et la lutte continue!

Femme nue, femme noire

ir ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fais
lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs, savane qui frémis aux caresses ferventes du
Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée

Femme noire, femme obscure
Huile que ne ride nul souffle, huile calme aux flancs de l'athlète, aux
flancs des princes du Mali
Gazelle aux attaches célestes, les perles sont étoiles sur la nuit de ta
peau.

Délices des jeux de l'Esprit, les reflets de l'or ronge ta peau qui se moire

A l'ombre de ta chevelure, s'éclaire mon angoisse aux soleils prochains

de tes yeux.

Femme nue, femme noire
Je chante ta beauté qui passe, forme que je fixe dans l'Eternel
Avant que le destin jaloux ne te réduise en cendres pour nourrir les
racines de la vie.
L.s.Senghor
"Pour les hommes de basse naissance, faire du mal est aussi savoureux que le miel, jusqu'au jour où ils se rendent compte que c'est aussi amer que le fiel".
Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum, le khalif général des Tidiane
Tel le roseau de la fable qui ploie sous la poussée de la bourrasque sans pour autant se casser les FPC continuent de résister face aux tempêtes du Système et de ses alliés sur la toile et de surmonter les obstacles et de s'aguérrir face aux épreuves. Et comme disait Nelson Mandela, "Nous nous sommes engagés dans la lutte les yeux ouverts, sans nous faire d'illusions ni croire que le chemin serait facile". Demain il fera jour et La lutte continue!

L´AMOUR

" Répondre à la haine par la haine, ce serait augmenter la somme de mal qui existe déjà sur terre. Quelque part, dans l'histoire du monde, il faut que quelqu'un ait assez de bon sens et de courage moral pour briser le cercle infernal de la haine. La seule façon d'y parvenir est de fonder notre existence sur l'amour". Martin Luther King.

MÉMOIRES COURTES

Beaucoup ont oublié que le combat ne vient pas de commencer et que certains ont payé un lourd tribut. Certains ont donné de leurs vies, sacrifié leurs familles, leur avenir. d´autres ont souffert dans les geôles de mort et d´autres ont vécu le martyr dans les affres de l´exil. A l´époque le courage était une denrée rare, c´était la dictature militaire pure et dure et il n´y avait que trois choix pour les militants les plus engagés : la mort, la prison ou l´exil. La liberté d´expression était une utopie et la démocratie un rêve des fous. Nous revenons VRAIMENT de loin!
Je souris quand j´entends certains parler de témérité et d´engagement mais la lutte continue et demain il fera jour et l´histoire retiendra.

YIMRE: Miin komi caliiɗo,


Komi caliiɗo kala laamu fenaande e maale.
Mboɗo nefi kala laamu jaanndu e doole.
Laamu gundo mi wonaa poɓɓanoowo kelle.
mi wonaa gamanoowo naale.
Mi wonaa duwantoođo yo male.
Kala ko ngu yeɗimi mi wiya habbay.
ɓale maggu mbiyatmi ko yo mobboy.
Somi heɓii mi yooloya ngu to tufnde Booy.
So doole ndokkii mi ridda ngu no boy.
Ngu laamu mi yiɗaa no henndu Mbooy.
Kaso e kasannka mboɗo fonndi nde hare
Njoo6iimi tan ko fiɓnde, mi soklaani jaaroore.
Komi caliiɗo etee mi ñaamtataa waatoore.
Komi ka6atoođo kala laamu moobaare.
Ko miin Kaaw Tokosel mo Jowol Saare.

onsdag 24 oktober 2018

LA MORT HÉROÏQUE DE NOTRE CAMARADE ET MARTYR BA SEYDI :

DEVOIR DE MÉMOIRE ET REFUS DE L'OUBLI.
ARRÊTÉ LE 22 OCTOBRE 1987

Le lieutenant Bâ Seydi de la Marine Nationale condamné à mort, s’était particulièrement distingué par son orgueil, son courage et sa témérité depuis l’enquête préliminaire jusqu’au poteau d’exécution. Pendant la phase instruction, lorsqu’il avait été confronté avec certains de ses subordonnés, il avait dit au juge d’instruction : « Monsieur le juge, mon honneur d’officier m’empêche d’accepter d’être contredit par mes subordonnés, c’est pourquoi je vous demande de considérer comme vrai tout ce qu’ils vous disent me concernant ».
Après le verdict, il avait dit à ses avocats : « On avait aucune intention de massacrer qui que ce soit, mais on avait bien l’intention de prendre le pouvoir par la force. Et si c’était à refaire, je suis prêt à recommencer. »
A quelques minutes de son exécution, on lui avait demandé, comme en pareille circonstance, s’il avait quelque chose à dire ou des souhaits à formuler. L’audacieux lieutenant a répondu sereinement à son avocat maître Mohamed Cheine Ould Mouhamadou, avant de regagner le poteau d’exécution: "Oui maître, j’ai deux commissions et un témoignage. La première commission concerne mes parents, ma mère et mon père. Ils sont venus de Boghé et ont beaucoup souffert en apprenant mon arrestation. Ils souffriront encore plus en apprenant mon exécution, je te demande d’aller les voir pour leur demander de me pardonner.
La deuxième commission concerne mon frère qui travaille dans une banque de la place, il faut le voir pour qu’il paye une dette de 7000 ouguiya à mon créancier, un boutiquier aux environs de l’hôpital national. Quant au témoignage je voudrais vous prendre à témoins." Puis il prononça la chahada en arabe: «J’atteste qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que Mohamed est son prophète." L’avocat lui avait promis de payer lui-même cette dette de 7000 ouguiyas et qu’il ferait sa commission pour ses parents immédiatement.
Ensuite, le lieutenant Ba Seidi pria deux rakaa, avant de se diriger seul en marchant tranquillement vers le poteau d'exécution où il s'installa dos au poteau, les mains derrière le poteau, face à ses bourreaux en attendant d'`être ligoté avant sa mise à mort. Selon les avocats présents, c'est pour la première fois dans l'histoire des exécutions des peines de mort au niveau mondial, qu'un condamné a une peine capitale, se dirige seul en marchant tranquillement vers son lieu d'exécution.
Attachés tous les trois sur les poteaux d’exécution, tenus en joue par trois tireurs à une distance de six mètres, les trois officiers attendaient dignement la fin de leur vie qui ne tenait plus qu’à un ordre du chef du peloton d’exécution. Puis vint le moment fatidique: " Feu." Les trois premiers coups partirent, le tireur chargé de tuer le lieutenant BA Seidi le blessa à la hanche, l’officier aurait dit, selon plusieurs témoins, à son bourreau : « Tu m’as blessé, lève le tir, vise très bien ». Seidi BAH. Seidi BAH. Seidi BAH.
Colonel Oumar Ould Beibacar.

Bah- Saar- Sih, koode Jereyda.

Bah- Saar- Sih, koode Jereyda.
Jaambaree6e maayataa
Golle ma66e majjataa
Leydi wuuf soko mođataa 
Sahodin6e leñol am min njejjittaa.
Jaaraama Wocci e waalalde
Jaaraama Juude
Jaaraama Haayre Mbaara.
Bikkon mon coodtiraama ndimaagu ngenndi.
Hare koko jokki sabu gaño tuubaani
kennje noodi hay koomtaani.
Jamma jamma accaa ceeđu!

YIMRE: SEPPO UMMITIIBE -JIBRIIL HAMMEE LIH.

S
eppo maayɓe heblaama 
Maayɓe mbiyi yo mbaɗane genaale
Ɓe cuppitiriima Wocci ɓe cuppitiriima Inaal
ɓe cuppitiriima Sori Malee ɓe cuppitiriima Aslaat
ɓe cuppitiriima Gidimaka ɓe cuppitiriima kala nokku
Ɓe pindinii wonnooɓe Jowol e Seylibaabi e lelinooɓe kala nokku.
Ɓe mbaɗii seppo, ɓe tiindiima galle Laamu
Ee ndaw punndi ñande heen
Alaa ko yiyotoo so wonaa cammalle daneeje ko wonnoo yeeso fof dogii
Enndunooɓe falaade fof lelnii kabirɗe, purngilii
Ko njuulno-ɗon min ko ko fuuntifuneere
Min ɗaɓɓaani min coklaani
Min mbiyi ko yo haala amen haale
Min mbiyi ko yo annde holi baɗɗo e hol ko waɗi
Wonaa on njaafiima koye mon?
Hol heen geɗal amen?
min ngontaa deƴƴu aduna nanat ko maayde wonnoo miin maayii
hol ko kure mon mbaawani maayɓe? min ceppat, min kaalat
Hol ko waawi dartinde min?
Oɗon njiɗi nande gaaci belɗi?
On ngontaa nande so wonaa kaamtaali amen
On ngontaa yiyde ko yooɗi ma min keedtu on e fooyre
On ngontaa uurnaade henndu welndu ma min cokir kine mon balngol amen
Oɗon njiɗi ko yoooɗi?
oɗon njiɗi ko uuri?
Mbaɗee goonga keɓo.
Jibriil Hammee Lih.

LES DERNIERS MOTS DE NOTRE MARTYR ET CAMARADE SARR AMADOU


" Si ma tête peut servir l'unité nationale, n'hésitez pas, coupez là. Si ma personne peut servir l'unité nationale je vous demande clémence".
Sarr, Sarr, Saar!
Nos camarades ne sont pas morts, ils ont défié la mort et le bourreau et ils sont plus que jamais vivants dans nos coeurs et pensées.
La lutte continue!

PINAL

PINAL: Mbiy-mi Neɗɗo ina jannga tawa finaani, neddo ina fina tawa janngaani.
Wonaa janngude woni fin´de walla finannde aduna. Neɗɗo ina wona jannguɗo kono tawa ina humii e ɓoggi majjere, ina yooli e dummbuli ni66ere, ina jii6ii e geese fenaande, tawi anndaa kadi hay ko tati pirtata. Ina woni muulaa uddaa, muulaa melsitaa tawi ina fiyto becce mawnikinaare. 
Mbiy-mi tiraa ba tirtaa ba, kodde njiiyda wowru ceerta arsukaaji.
Jamma jamma accaa ceedu.
LLC!

NON À L´OUBLI!

Oublier que ni Oradour ni My Lai n´ont pas empêché la victoire sur les ténébres n´est pas gage de sagesse; répondre par le sabre à l´angoisse infinie des âmes révoltées des immenses injustices faites à notre peuple l´est encore moins. On ne réglera aucun de nos problèmes en imbiant de sang ou de larmes de nos concitoyens dans les dunes de sable du désert mauritanien. Demain il fera jour car seule la vérité est révolutionnaire.
Bon journée à tous et toutes sous la protection du Bon Dieu l 'Éternel. Qu'Allah guide nos pas et nos actes.
La lutte continue!

HOMMAGE À FAAY MAWNAM: LONGUE VIE À MA SOEUR!

Ma grande soeur chérie, Fatimata de son "nom du livre", comme on dit au Fouta natal, entendez le nom officiel, Faay Cilo Mayna Muttaar Koorka pour les intimes, une femme noble au sens noble du terme, gentille, belle, loyale, humble, intègre et généreuse. Elle m´a couvé depuis mes tendres saisons d'enfance avec amour, chaleur et gentillesse.
Pour la petite histoire pendant les années de braise alors que le Fouta était sous l'état de siège permanent et les frontières étaient fermées entre le Sénégal et la Mauritanie où il était interdit même de prononcer le nom du Sénégal voisin ou de s'aventurer sur les bords du fleuve je suis envoyé en mission secrète des Flam dans la vallée avec des tracts à distribuer et des réunions à tenir avec quelques camarades de l'intérieur. J'ai profité de l'occasion pour rendre visite à mes parents que je n'avais pas vu depuis mon exil forcé en décembre 1987 suite à l'exécution de nos vaillants 3 martyrs du 6 décembre, mais présenter aussi des condoléances suite au décès de mon grand père maternel Elhadj Samba Thierno Mamadou DIA. C'était une mission très risquée parce que ma présence pouvait entrainer des répresailles terribles contre tout le village natal et même l'assassinat de toute la famille mais avec la protection du Bon Dieu et l'aide des contre-bandiers je suis arrivé à Jowol dans la nuit et personne ne le savait sauf la famille. Je suis resté clandestinément à la maison pendant 2 jours et ne sortait que les nuits pour prendre l'air ou voir des proches camarades pour quelques réunions d'informations.
Ma traversée était trop risquée si on revient au contexte de la terreur de l'époque d'autant j' avais avec moi quelques tracts adressés aux soldats et à nos frères Haratines qui occupaient les villages de nos déportés, plus des communiqués de presse des Flam et quelques exemplaires de notre journal "Bilal" qui deviendra plus tard "Le FLAMBEAU". Dans le même contexte les combattants de notre aile armée rendaient la vie difficile aux forces d'occupation de Taya dans la vallée et tous les administrateurs civils fuyaient leurs postes la nuit et on était arrivés à imposer un petit équilibre de la terreur dans la vallée contre l'adversaire. Je savais que mon arrestation signifiait directement mon exécution sans jugement mais nous étions déjà prêts à tous les sacrifices pour faire entendre notre cause et défendre notre peuple opprimé.
Pour retourner au Sénégal, mon pays d'exil, il fallait s'informer et surveiller les déplacements des troupes militaires qui se comportaient en territoire conquis et tiraient à bout portant sur tout ce qui bougeait dans på Vallée. Après avoir trouvé un piroguier qui se trouvait dans un autre village sénégalais Diamel-Gawdal et convenu d'une heure je fus conduit en voiture par un de mes oncles ancien maire de la ville, en compagnie de ma soeur Faay qui ne voulait me laisser partir seul et avec tous les risques possibles sans aucun témoin. Nous sommes allés vers les champs Gouloumbol le lieu du rendez vous et par la grâce de Dieu les "occupants"militaires et gendarmes étaient absents et j'ai traversé tranquillement sous le regard effrayé de ma soeur qui surveillait de l'autre côté et priait pour que les militaires ne reviennent pas avant notre traversée. C'était un moment inoubliable et pénible de notre histoire où nous étions devenus étrangers dans notre propre pays pourchassés comme des "criminels" ou des "terroristes". Et la rumeur disait à l'époque que la plus sûre manière de se débarasser d'un adversaire était de l'accuser de "Flamiste".
Longue vie et santé de fer à ma brave soeur et digne fille du Fouta.
Mawnam, afo neene am, korsudo Mayna Muttaar Koorka, nguurndam njuutdam e cellal e kisal. Debbo dimo, lobbo, kaaraysiro.
Ngaynaaka Alla e Faay neene am. Yo Duuso 6ooy!
LLC!

torsdag 4 oktober 2018

Hommage: Lettres d´un vieux compagnon de lutte qui n´est plus de ce monde, Saïdou Kane

Hommage: Lettres d´un vieux compagnon de lutte qui n´est plus de ce monde, Saïdou Kane

Je consultais ce soir mes quelques documents d´archives sur notre lutte et la situation dramatique de la communauté négro-mauritanienne dans le cadre d´ un projet de livre sur notre longue lutte vers la liberté je tombe sur quelques échanges avec certains camarades et compagnons de lutte qui ne sont plus dans ce monde que sont le Pr Seydou Kane, Dr Sow Mamadou Amadou de Sélibaby et Dr Murtudo Samba Diop. Que la terre leur soit légère. Amine!
Je partage ce témoignage d´un de mes aînés et camarade de lutte feu Seydou Kane et qui me donne encore du tonus, plus du courage et de force pour continuer la lutte. J´avais déjà publié ici même la lettre-témoignage  de mon doyen et ami feu  Murtudo.
La mort est parfois injuste mais en  bons croyants  nous acceptons la volonté divine et la lutte continue!

DAKAR- Congrès FLAM  de 98-Travaux des commissions, moi Kaaw et feu Saidou Kane(sa légendaire pipe devant lui), on reconnait aussi les têtes du Lt Lam Moussa et Ba Amar. On était vraiment fatigués trois nuits et 3 jours de débats sans sommeil, ni repos en plein mois du ramadan pour discuter sur l´avenir de notre peuple. Et la lutte continue!DAKAR- Congrès FLAM de 98-Travaux des commissions, moi Kaaw et feu Saidou Kane(sa légendaire pipe devant lui), on reconnait aussi les têtes du Lt Lam Moussa et Ba Amar. On était vraiment fatigués trois nuits et 3 jours de débats sans sommeil, ni repos en plein mois du ramadan pour discuter sur l´avenir de notre peuple. Et la lutte continue!
From: Bolykane@cs.com
To: kaawtokosel@visto.com
Subject: Mi nanii mi faamii
Sent: 27-02-2001

Elimane,
Merci d´avoir été voir nos amis Garba et les autres. Ils ont beaucoup de mérite.
Vous-êtes plus qu´une simple relève. Vous avez la livrée des libérateurs et ce n´est pas des paroles en l´air. Ce n´est pas dans mes habitudes.
Pour le reste, je crois que je travaillerai à la concrétisation de l´idée du camarade Abdarahmane, car elle est venue à son heure.
Au lieu de faire convoquer des "États généraux" des Mauritaniens en Exil, le raccourci est donné pour la création de la dite coalition pour le changement. Je vois déjà que le FAAS, Conscience et Résistance sont déjà partants aux côtes de notre courant. Tant mieux, je crois qu´il faut s´y impliquer. Car les choses iront maintenant très rapidement.
Tu travailles, certes beaucoup; mais comme personne n´est assez malhonnête pour ne pas reconnaitre que tu sauves les meubles, acceptes que je t´encourage chaque jour à rassembler des gens comme nous autour de toi et de ceux qui, comme toi, sont pétris dans la glaise du refus sans contre-partie.
Courage.
C´est écrit, Dieu est avec nous.
Fraternellement, la lutte continue!
Saïdou.

Bolykane@cs.com
To: kaawtokosel@visto.com
Subject: Reprise des contacts après randonnée
Date: sun, 18 mar 1001. 08:17:54

Kaaw,

De retour de Genève et de Paris, je t´écris pour t´informer du début de l´action que je souhaite entreprendre.
J´ai le feu vert de beaucoup de compatriotes pour une tribune de la Diaspora qui, en aucun cas ne doit et ne pourra géner le travail des organisations politiques, humanitaires ou sociales existantes. Au contraire, ce forum ne saurait être qu´un creuset pour permettre l´élaboration d´une plate-forme représentative des aspirations de tous, membres organisés, organiques ou en dehors de tout cadre organisationnel, sans préjudices à d´autres plus vastes.
Je t´envoie donc les premières idées de ce que nous voulons mettre très rapidement en place pour que tu y jettes un coup d´oeil et me dire tes premières impressions.

Je vais envoyer ce texte à certains compatriotes avertis qui devront garder cette ébauche encore secrète, jusqu´à ce que nous puissions faire les meilleurs propositions  avant de tout publier. Je compte sur toi pour la discrétion, comme je le demande aux autres qui recevront cette prémice. Je souhaite avoir ton point de vue là-dessus. Je m´efforce de faire participer tout le monde. C´est pourquoi je ne retiens que les grands blocs de thèmes qui seront développés plus tard dans les groupes de travail pour cerner tous les problèmes de la renaissance de notre pays. Un peu idéaliste? Ca ne fait rien. Il y aura quelque chose à en tirer. Ah, si certains compatriotes cherchaient vraiment à mettre en avant les intérêts de la Mauritanie, ils seraient moins sectaires et moins opportunistes. Mais, enfin!
Affectueusement, à très bientôt petit-frère et ami. LLC.
Saïdou

P.S: J´ai lu, avec Aissata, avec une joie sans limite le portrait du militant que tu es sur le dernier numéro du FAAS.
Tu mérites vraiment tous les témoignages que j´y ai relevés. Bonne continuation et tu sais que je ne suis pas démagogue.

From: Bolykane@cs.com
To: elimane83@hotmail.com
Subject: Re: Un mémorial pour Tidiane Aaan
Date: Thu, 14 Jun 2001 14:39:32

Merci Kaaw de la diligence,
Je vais essayer avec ce que tu m´as donné de prendre contact avec Al Housseyni Bah.
En effet, c´est un gentil garcon et lorsqu´il s´occupait de la presse pour Baaba Maal, ce dernier était bien satisfait.
Sa maman est une cousine de Rindiaw et son père est de Boynadji, apparenté à la famille d´Alpha Amar de Hoore Foonde.
Je serai donc à Neuilly, chez N´diaye Kane, au numéro (+331.47.................).
Ce serait bien si, après tout ce temps que je puisse te revoir. Celà me fais toujours du bien de voir mes semblables. Nous n´avons que cette courte vie pour nous aduler ou nous faire du mal. Alors, choisissons volontairement de vivre le bon côté des choses, en toutes circonstances. Même devant l´adversité, on peut toujours rendre les choses relatives. Sauf bien sûr, les choses criminelles.
Comme ni toi, ni moi, n´avons ces choses-là à gérer, je me hâterai de te rencontrer.
A très bientôt mon petit-frère ami. LLC.

Saïdou.
5ème Congrès des FLAM 98, pause  en plein mois du ramadan: Seydou KANE(assis)Yaya Thiam, Abda Wone, Kaaw Touré, Mamadou Abdoul Kane dit Thiernel, Ba Mamadou Sidi, Abou Hamath Sall et Ba Amar Abdoulaye.5ème Congrès des FLAM 98, pause en plein mois du ramadan: Seydou KANE(assis)Yaya Thiam, Abda Wone, Kaaw Touré, Mamadou Abdoul Kane dit Thiernel, Ba Mamadou Sidi, Abou Hamath Sall et Ba Amar Abdoulaye.
Noisy-le-sec en compagnie de notre soeur Aissata Kane veuve de Seydou et sa fille Winnie Kane.Noisy-le-sec en compagnie de notre soeur Aissata Kane veuve de Seydou et sa fille Winnie Kane.
Avec mon amie et camarade Mariam Kane président de l´AFMAF

Notre voix...

Notre voix a triomphé des geôles ténébreuses de la dictature, vaincu les souffrances de l'exil et du bannissement. Elle continuera à résonner, libre et indomptable, pour faire partager notre part de vérité, pour faire avancer la démocratie dans une Mauritanie réelle, authentique, rétablie dans la pluralité de son identité. Et La lutte continue!

Murtudo Joob yimiino:


Ngaree ngaree njooddo-ɗen hakkunde dingiral,
Hannde ko ñaldi kaaldigal e diisnondiral ,
Kaalden peewnen leydi men, 
ɓuri ndeƴ ƴen ha leydi men firto e juuɗe men,
So goonga anndaama rewaaka,
fehre wonnde ƴeewen.
Eɗen njiɗi noon dental gaddanoowal en peertal,
ñiɓingal e calɗi nanondiral e potal,
Soko wonaa ngal puccu e baɗɗotooɗo ɗum,
jooɓiiɗo jimol : Mboɗo waɗɗo maa, mi fiy maa,
ɗo mbelaami mi nawmaa, ko mbelaami mi waɗa e maa

Notre cosa nostra

Cette lutte que nous menons aujourd´hui, nous n´en sommes pas les pères fondateurs mais les fils héritiers. Cette lutte est celle de toute une communauté des opprimés depuis bien longtemps. Cette cause pour laquelle nous mourons, est un peu notre"Cosa Nostra". Elle est trop noble, trop coûteuse et trop lourde pour que vous nous en laissez seuls porter tout le fardeau ou le poids. Notre victoire est certaine et sera au bout de nos efforts inlassables. Quand? Nous ne saurons le dire mais le Grand Soir se pointera un jour. Soyons pérsévérants car Dieu est avec les pérsévérants.
La lutte continue!

MA FOI

Avec le temps, le tango des berges et la danse des lunes j´ai appris les vicissitudes de la vie. J´ai embrassé les souffrances physiques et morales de cette petite planète. J´ai aimé les longues et interminables journées et adopté les sombres et terribles nuits de prison, j´ai appris et embrassé les affres de l´exil. J´ai connu et dompté la peine de la solitude. J´ai été victime de l´intolérance, de la haine, de la trahison et de l´injustice mais j´ai appris à me découvrir et à tenir face à l´adversité. Je peux être un incompris mais je n´ai que ma conscience, mes principes et ma foi comme objecteurs. Dieu n´est-il pas le plus juste des juges? 
LLC!

onsdag 3 oktober 2018

Ne perdez jamais votre sourire.

Ne perdez jamais le sourire et l'espoir dans la vie car un jour nouveau peut toujours vous sourire.
Ne perdez jamais votre sourire et votre humour malgré l´adversité de la vie ou la méchanceté de l´Homme. Votre sourire c´est votre arme de destruction massive contre l´autre qui vous veut du mal.
Je me souviens qu´en 1986 pendant notre arrestation et détention dans la prison civile de Kaëdi, malgré les tortures physiques et morales, les conditions de détention difficiles et humiliantes je m´efforcais toujours à garder mon petit sourire et ma bonne humeur. Un jour, une de mes tantes qui nous rendait visite me demanda: " Mais Kaaw, tu m' étonnes beaucoup, en prison comme en dehors de la prison tu es toujours souriant, tu es vraiment exceptionnel!" . Je lui ai répondu avec un petit sourire : " Goggo Diyé, je garde toujours l' espoir en Dieu et j' ai la conscience tranquille. Si je pleure ou je montre ma tristesse, peut-être que nos petits geôliers et tortionnaires racistes penseront qu´ils nous ont eu ou que j ´ai regretté mon engagement, je veux leur prouver que j´ai un moral d´acier et qu´íls ne m´intimideront jamais ".
Ce petit sourire m´a beaucoup aidé à relativiser tout dans la vie et à tenir devant l´adversité, en prison et pendant mon long exil. Prisonniers, on passait tout notre temps à plaisanter entre nous et à raconter des histoires drôles ou à chanter et cela avait suscité des questionnements auprès de nos geôliers et qui se demandaient souvent si nous étions vraiment des "gens normaux"!!!
Prenez soin de vous sous la protection du Bon Dieu l' Éternel.
LLC!

tisdag 2 oktober 2018

ADIEU MON MAITRE!

Je viens d'apprendre avec une grande tristesse le rappel à Dieu de monsieur Diallo Abdoul Ghoudouss que nous appelions affectueusement "Moussé Diallo". Il fut mon meilleur instituteur à l'école primaire de Jowol, mon village natal. Un pédagogue chevronné et un éducateur hors pair qui m'a fait aimer la langue de Molière. Contrairement aux enseignants du primaire il ne frappait jamais ses élèves pour se faire écouter ou se faire respecter. Par des simples mots il pouvait attirer notre attention ou nous faire réflechir sur nos petites bêtises. C'est avec lui, les élèves du CM2 de notre promotion et candidats de l'entrée en 6ème au collège, que Jowol a eu les meilleurs résultats de l'année comme premier élève de la région du Gorgol et parmi les dix meilleurs élèves de la région sur les milliers d'admis des départements de Kaëdi, Maghama, Mbout et Monguel et votre serviteur faisait partie de ce petit lot. A l'époque on annoncait les résultats sur les ondes de notre radio nationale (Radio- Mauritanie) et chacun attendait avec nervosité son nom après la correction des épreuves. Au CM2 j'avais l'embarras du choix entre la filière arabe et l'autre dite bilingue ( français et arabe mais plutôt plus française) mais avec lui comme enseignant et encadreur j'avais finalement opté le bilingue alors que je m'exprimais bien et maitrisais mieux la langue d'Ibn Khaldoun du fait de mon milieu social parce que issu d'une grande famille religieuse où tous les jeunes du village et beaucoup de la sous région ( Mauritanie, Sénégal et Mali) venaient apprendre le Coran et l'arabe.
"Moussé Diallo" était un homme multidimensionnel et un grand spécialiste de "mbirniindi" ou de l'ésotorisme peulh. Un homme chaleureux, accueillant et qui ponctuait toujours ses salutations par "Bismilla ma"(bienvenue) et un grand homme de Dieu et soufi.
Une petite anecdote, à l'école de Jowol il y avait un logement pour les enseignants situé à l'école mais près de la colline dite " Haayre majjube"(la colline des égarés) et personne n'osait s'y aventurer les nuits sous le prétexte que le local était habité par les"Djinns" ou les "diables" mais Diallo n'en avait cure et par ses connaissances mystiques avait dompté les "mauvais esprits" et logé dans le bâtiment pendant toutes les années scolaires sans perdre ses esprits au grand étonnement de tout le village.
Je l'ai vu pour la dernière fois en 1987 pendant notre incarcération dans la prison civile de Kaëdi suite aux évènements du "Manifeste du négro-mauritanien opprimé" où il était venu nous rendre visite et nous réconforter le moral par ses prières. Il était pour nous un oncle, un père modèle et un bon guide.
Qu'Allah le Tout Puissant l'accueille en son Saint Paradis et que la terre lui soit légère.
Yo Alla yurmo mo yaafo mo. Yo Alla haarnu mo aljanna. Ganndo wirniima!

NOTRE COMBAT

Notre combat est des plus hardis mais aussi des plus exaltants. Nous le continuerons en restant unis dans la détermination et dans la fidéli...