fredag 2 augusti 2019

DÉBAT SUR LE "SYSTÈME BEYDANE": QUELQUES PRÉCISIONS À NOTRE DOYEN BOYE ALASSANE

Je viens de lire avec intérêt la réaction de notre cher doyen Boye Alassane à mon commentaire sur
 l´article de mon très cher frère et ami et grand analyste Tijane Ball que j´appelle affectueusement ”Mawnam”, intitulé "Système beydane", une notion qui fait débat”.

Sans verser dans des polémiques inutiles je me permets d'apporter quelques petites précisions sur le texte de notre cher doyen.

1- Mon propos n’était animé 
d´aucune autre intention malveillante ou de ”paternalisme” mais juste d´appuyer et de saluer
l´analyse juste et riche de mon cher grand-frère Tijane.

2. J´ai intervenu dans le débat en tant que témoin, acteur et ancien responsable, chargé de la communication et porte-parole des FLAM. En tant que tel, j’ai été présent et ai suivi de près, sans aucune interruption, ces changements ou évolutions du mouvement de 1987, date de mon exil, jusqu´au congrès de mutation de août 2014 avec la suite que vous connaissez tous. Je parle avec des documents à l´appui, des photos, des vidéos, des notes, des pv, des bandes sonores, des mails, des coupures de presse et autres documents d´archives de 1987 à nos jours que je garde jalousement, et je le dis sans aucune prétention aucune.

3. Pour revenir sur le document ”La longue marche des FLAM”, et de ces petites histoires comme vous dites, je parle sous le contrôle des témoins présents et vivants. 
A la veille de l´anniversaire des 20 ans des FLAM, en tant que responsable de la communication des Flam et webmaster du site Flamnet, j´ai pensé de produire un dossier spécial comme je le faisais chaque année sur le site à 
l´occasion de l´anniversaire du mouvement, l'anniversaire du site Flamnet ou de la commémoration de nos martyrs, avec des interviews et des témoignages des camarades sur les FLAM. Comme d´habitude, 

j´ai essayé de parler avec certains de mes collaborateurs et camarades afin de produire quelque chose 
d´exceptionnel. Ainsi, suite à un échange, notre camarade Boubacar Diagana m´a proposé de produire un document sur 
l´historique des Flam et de la lutte pour qu´il reste à la postérité pour des futures générations. J´ai trouvé l´idée très géniale et je l’ai soumise au président des FLAM, monsieur Samba Thiam, qui a trouvé aussi

 l´initiative très bonne mais qu´il fallait trouver des bras ou des cadres disponibles pour contribuer à la production du document. C´est ainsi qu´il a décidé d´associer quelques camarades dont notre doyen Boye Alassane Harouna, que je salue encore pour sa part de contribution, comme il l´avait fait aussi dans un autre document ”Le MND, de la lutte des classes à la lutte des places” ( 1997) publié dans les numéros 16, 17 et 18 du Flambeau, l´organe d´information des Flam dont j´étais encore le rédacteur en chef, si vous me permettez de le souligner!

4- Camarade Boye a écrit: ” Le document « La longue marche des FlAM », il importe de le préciser aux lecteurs, est le produit d’un travail collectif d’une poignée de cadres des FLAM de l’époque (avant la scission qui donna naissance aux FPC). Parmi ces cadres, Samba THIAM en personne, alors président des FLAM, et SOW Ibrahima Mifo, alors vice-président des FLAM. « La longue marche des FLAM », c’est la synthèse du produit de ce travail qui te fut confiée, Kaaw…”.

A ma connaissance, je n´ai jamais soutenu le contraire dans mon commentaire, ni l’ai laissé entendre dans mes écrits. Les déclarations, communiqués ou documents du mouvement n´ont jamais été signés nominativement par une personne mais faits toujours au nom du mouvement par le département de la communication dans son ensemble, donc, avec une responsabilité collective. C´est cet esprit d’équipe qui nous a toujours guidés. Je veux seulement dire à notre doyen, peut-être comme il dit qu'avec le temps, on peut avoir quelques trous de mémoires mais en 2003, notre camarade Ibrahima Sow n´était pas encore membre du bureau national des FLAM et encore moins vice-président des FLAM.

L´autre précision, la ”Commission de réflexion”, dont vous parlez n´a jamais été associée de près ou de loin au document ”La longue marche des FLAM”. Vous avez certainement confondu les dates et les missions. Cette ”commission de réflexion” a vu jour bien après, plus précisément en 2006, au sortir du congrès de Cincinnati de décembre 2005, dans le cadre de la redynamisation de toutes nos structures et, en perspective des échéances importantes dont le retour, déjà en vue. Les textes produits par cette commission seront d’un grand apport au congrès de mai 2011. ”La longue marche” publiée le 14 mars 2003 ne peut-être donc… ”le reflet ou le condensé d’un document plus important dont la conception fut lancée en août 2006”, comme vous dites!!!

Mon dernier point c´est sur votre assertion, je vous cite encore : "Quand tu dis « que ce concept a été enlevé dans la littérature officielle du mouvement depuis notre 5ème congrès ordinaire tenu au mois de décembre 1998 à Dakar.», tu sembles oublier qu’entre le 5 ème congrès ordinaire de 1998 et aujourd’hui, 21 ans se sont écoulés, que les FLAM se sont scindées en deux branches : celle qui a conservé le nom FLAM et celle qui s’appelle aujourd’hui FPC, à laquelle tu appartiens. Alors oui, pour les FPC, ce vocable (Système beydane) est banni de ses discours, de ses textes. Il en va tout autrement s’agissant des FLAM originelles: ses militants et cadres dirigeants l’emploient à l’envi, à ma connaissance”.

Oui mon cher doyen je signe et persiste encore que la décision de suspendre 
l´utilisation du concept "le Système beydane” a été entérinée au congrès de décembre 1998 à Dakar, sur proposition de la section Flam-Europe de l'Ouest. Je sais, au demeurant aussi, que certains cadres du mouvement ne voulaient pas abandonner le concept et j´ai eu même à censurer certains de leurs écrits sur flamnet à cause de leur refus de respecter les résolutions du congrès.
A ma connaisance aucun document officiel signé par les FLAM n´a jamais repris le concept ”Système beydane” depuis le congrès de Dakar de décembre 1998 jusqu´au congrès de la mutation d´août 2014 tenu à Nouakchott. 
Je sais bien sûr aussi que certains militants et membres dirigeants du mouvement Flam continuent de l´usiter à tout vent mais, moi, je parle d´un contexte bien précis quand
j´étais membre des FLAM originelles et porte-parole du mouvement avant que nous devenions les Forces Progressistes du Changement(FPC).

Salutations militantes et respectueuses. Et la lutte continue!



L´ARTICLE DE TIJANE BALL

 "Système beydane", une notion qui fait débat par Tijane Bal
Tous les mouvements historiques ont dû affronter un jour un passé que leur repositionnement ou les circonstances ont rendu caduc. "Caduc", est le mot inspiré en mai 1989 par François Mitterrand à Yasser Arafat pour qualifier certains articles de la Charte nationale palestinienne relatifs à l'existence d'Israël. (Un mot qui, au passage, évoque quelques souvenirs à des Mauritaniens d'une certaine génération). Nelson Mandela qui fit une apparition remarquée dans Malcolm X de Spike Lee aurait refusé de reprendre à son compte le fameux "by any means" du leader noir américain. On est en 1992. Mandela est conscient des réserves que suscite, malgré sa dissolution,Umkhonto Wa Sizwe, la branche armée de l'ANC.
La notion de "Système beydane" appartient au lexique des Flam qui, d'ailleurs, en usent de moins en moins. Elle fait débat. En témoignent les vifs et récents échanges sur le site du mouvement. On notera au passage que les administrateurs du site ont laissé en ligne des propos extrêmement virulents voire insultants contre leur mouvement. C'est là un signe d'ouverture qu'il faut saluer. Les Flam ont parfaitement conscience de la charge polémique que recèle la notion. Un de leurs textes donne à lire: "L'introduction du concept de système beydane dans notre discours politique a suscité beaucoup de polémique. Cela nous a valu des invectives de tous ordres, la foudre de nos adversaires et suscité l'indignation chez les autres". Les rédacteurs du texte s'emploient ensuite à définir le concept: "En vérité, par Système "beydane", nous entendions un certain nombre de mécanismes dont l'action conjuguée vise à l'exclusion du Noir mauritanien de toute la vie publique en consacrant l'hégémonie politique, économique et culturelle des Arabo-berbères (...). Il est l'équivalent de racisme d'Etat".
Les Flam ont beau préciser: "ce qui est incriminé, c'est le système raciste, c'est l'Etat raciste, et non les Beydanes en tant que communauté", la notion demeure irrecevable aux yeux de certains. Et pas que des partisans du "système". La principale raison en est qu'à première vue, elle semble associer une composante dans sa totalité à un système politique. Ne soyons pas naïfs. Cette incertitude apparente est aussi exploitée à des fins de diabolisation. De bonne guerre dira-t-on.L'honnêteté commande d'éviter tout anachronisme. Il convient de ne pas regarder la réalité d'hier avec les lunettes d'aujourd'hui. Tout texte porte les empreintes de son contexte. Pour autant, au moment même où ce mouvement opère un repositionnement évident, frappe les esprits par sa proposition de grande concertation nationale inclusive, inspire des démarches innovantes et retrouve sa centralité dans le débat public, les Flam gagneraient à revisiter une notion qui, malgré les précautions et les précisions, continue de susciter des réserves. On appelle cela un aggiornamento. Ce serait une manière de déjouer l'esprit de système.

MON COMMENTAIRE

 Merci mawnam Tijane Bal d´avoir souligné ce point. Je confirme aussi mon camarade et cousin Salah Eddine Sy que ce concept a été enlevé dans la littérature officielle du mouvement depuis notre 5ème congrès ordinaire tenu au mois de décembre 1998 à Dakar. Et pour la petite histoire j´avais eu l´honneur de mes ainés pour diriger la commission d´orientation politique du congrès en présence de notre doyen feu Seydou Kane et secondé par mes ainés Amar Ba et Mamadou Kane dit Thiernel. Le président Thiam ne s´etait pas battu seul pour enlever le concept, il a voulu seulement en tant que leader du mouvement que les résolutions du congrès soient respectées par tous mais c´était une décision d´un congrès après un long et houleux débat avec des bons et pertinents arguments developpés par des congressistes. Nous avons expliqué l´abandon du concept aussi dans un document officiel, signé par le département de la communication que je dirigeais , le 14 mars 2003 à l´occasion du 20 ème anniversaire de la création du mouvement intitulé "La longue marche des FLAM". Nous disions: "la contiguïté des termes «système» et «Beydan» entraînent une polysémie. Le fait que le terme «Beydan» soit accolé à celui de «système» a pu laisser penser, pour certaines personnes de bonne foi, que c'était tous les Beydan (ou Arabo-berbères ) qui étaient, en tant que groupe ethnique, incriminés. Une manière de comprendre complètement erronée, car comme disait Angela DAVIS qui évoquait la problématique de la lutte des Africains-Américains «dès lors que le peuple blanc est, sans discrimination, considéré comme l'ennemi, il est virtuellement impossible de mettre en place une solution politique».
Ce qui est incriminé, c'est le système raciste, c'est l'Etat raciste et non les Beydan (ou Arabo-berbères) en tant que communauté, même si ce sont des éléments issus de cette communauté qui contrôlent l'Etat, maintiennent et perpétuent son caractère raciste. Même si tous bénéficient, volontairement ou involontairement de ses retombées, ne serait ce que par la valorisation de leur langue, de leur culture, de leur histoire etc.Il s'y ajoute les manipulations politiciennes de nos adversaires peu honnêtes pour rajouter à la confusion. Enfin, il fallait à chaque occasion l'expliquer comme dans une position défensive ! . Un concept qu'il fallait expliquer tout temps, qui ne rendait pas clairement, sans ambiguïté aucune, le contenu que nous lui logions, ne semble manifestement pas opératoire. Voilà pourquoi nous y avons volontairement renoncé. Si donc sur le fond, nous n'avons rien à concéder par rapport au concept. Sur la forme toutefois, dans la formulation, nous reconnaissons que nous avons pêché par manque de rigueur. Par souci pédagogique et pour une meilleure lisibilité de notre discours politique, nous nous sommes volontairement censurés en suspendant de notre discours politique l'usage de ce concept". Voilà

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