onsdag 3 november 2021

MA RENCONTRE AVEC FEU HABIB OULD MAHFOUDH


Habib, Je l´ai rencontré pour la première fois et connu un certain jour de printemps à Dakar en 1994 à l´hôtel Miramar avec d´autres journalistes mauritaniens de passage dans la capitale sénégalaise. Je l´ai "connu" avant cette rencontre à travers ses écrits courageux, son style exceptionnel et je l´avais adopté dans mon coeur. On s´est fixé un rendez-vous pour discuter, échanger sur la Mauritanie. Je lui ai remis plusieurs exemplaires du "Flambeau" notre journal et plusieurs déclarations et publications des FLAM pour qu´il s´imprégne de notre littérature, de notre vrai discours pour ne pas tomber dans la propagande de nos détracteurs et adversaires politiques de l'époque.

J´ai découvert un homme peu bavard, sympathique, chaleureux, toujours souriant. Il m´écoutait avec respect et attention. Il parlait peu, il fumait beaucoup, toujours souriant, il haussait la tête pour ne pas m´interrompre. A la fin il me dit : "Kaaw , je t´ai écouté et entendu et je partage entièrement toute votre analyse. Il y a du racisme d´Etat dans notre pays, je l´ai toujours écrit et dénoncé dans notre journal. J´étais le premier journaliste mauritanien à écrire sur les massacres au sein de l´armée en 1990, de la mort de vos camarades à Oualata, on me prend d´ailleurs pour un maure flamiste, ce sont des imbéciles et des incompétents qui nous dirigent".
Il partageait nos analyses sur la question nationale et sociale en Mauritanie. Aucune résérve, j´étais surpris et étonné par ce "maure" pas comme les autres et qui n'a jamais mordu à la campagne malhonnête et mensongère contre notre organisation. ! Et pour le taquiner, je termine par : "Habib, prends alors ta carte de flamiste avant ton retour au pays ". Il me répond avec la boutade : "Je suis déjà un FLAMISTE de coeur, parce que votre lutte est juste". Ensuite il me raconta toute cette campagne anti-flam menée auprès de la communauté beydane qui nous prenait pour" des diable et des extrémistes".
Il n´avait pas peur des FLAM et des flamistes, mieux il nous comprenait parfaitement et n´avait pas des préjugés sur nous. Il me confia aussi qu´il avait des anciens promotionnaires et amis flamistes et il me demanda leurs nouvelles. J´ai admiré son indépendance d´esprit et son humanisme. N´était-il pas d'ailleurs le premier journaliste mauritanien à révéler les atrocités subies par la communauté négro-mauritaniens dans un historique article paru dans ALBAYANE mais censuré par le pouvoir :"Arabes-Négro-africains: Faillite d´un mariage de raison" était titré le dossier , si j´ai bonne mémoire?
Après une longue conversation dans sa chambre
d´hôtel, on s´est échangé de coordonnées et il m´a promis de sortir tous nos communiqués et me demanda de lui envoyer régulièrement toutes nos publications et déclarations de presse.
Après notre entrevue il m´accompagna à la salle de réception parce que je devais rencontrer deux autres journalistes mauritaniens en l´occurrence Moussa Ould Abdou du journal Albayane et Ahmed Aly Ould Jiddou et devant eux Habib avec une plaisanterie, me dit: "Kaaw, fais attention avec ces jeunes hommes, Moussa est un ancien Mnd reconverti et Ahmed un ancien officier baathiste". Et on éclata de rires. C´est de cette belle et chaleureuse image qu'on s'est quitté et que je garde toujours en mémoire. Un grand sourire.
On avait maintenu le contact après son retour au pays. Je lui envoyais régulièrement, comme promis, toutes nos publications et le Calame fut censuré un jour à cause d´une longue contribution des Flam, en réponse à l´article "dialogue processuel" du MND-UFP signé par Mohamed Ould Maouloud et Ba Boubakar Moussa, que nous avions intitulé: "Le MND , de la lutte des classes à la lutte des places".
Habib, tu es parti mais jamais mort. Comme pour marquer l´évènement douloureux et sa particularité tu nous quittes à la veille du Toussaint, la fête des morts! Même avec la mort tu resteras toujours anti-conformiste?
Comme je le disais impuissant en juillet 1998 après
l´annonce de la mort d´un autre ami, le journaliste Sennen Andriamirado; J´avais pointé mes yeux vers le ciel, dépité, j´avais lancé : "Qui sauf DIEU pouvait commettre un tel "crime"et rester impuni ?".
Voilà l´Eternel qui récidive avec vous !
Mais en bons croyants nous disons: "A DIEU NOUS APPARTENONS ET A LUI NOUS RETOURNONS". Mais sachez que nos morts ne sont pas morts comme disait le poète Birago.
Habib, un homme qui répondait et correspondait bien en son prénom, qui exprime l´amour le grand coeur et la sincérité. Tu étais unique dans ton univers, tu laisseras un grand vide, difficile pour ne pas dire impossible à combler.
Tu mérites toi aussi de cet hommage patriotique aux martyrs de la libérté : "ta vie fut combattante, ta mort héroïque, ton sacrifice sacré et ta mémoire éternelle".
Habib, certs tu ne seras pas là demain au grand rendez-vous de nos rêves:"la Mauritanie libérée et réconciliée" mais tu seras là présent dans nos mémoires, dans nos coeurs et pensées et la patrie libre te sera reconnaissante.
A qui adresser nos condoléances ? Au Calame? À la presse mauritanienne? Aux démocrates mauritaniens? Au peuple mauritanien? A QUI?A tout ce monde sans doute.
Adieu notre Habib. Non, je veux dire aurevoir.
Et la lutte continue. Kaaw Touré dit Elimane Bilbassi.
Emmaboda le 01 novembre 2001

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