lördag 20 juli 2013

Du racisme en Mauritanie: les souvenirs de mon interrogatoire dans les geôles de Taya



Pendant mon interrogatoire en octobre 1986 dans la Brigade de gendarmerie de Kaëdi, le MDL-Chef Ould Bamba me posa cette question: "Pensez-vous réellement qu´il y a du racisme en Mauritanie que vous comparez injustement à l´Apartheïd?".

Menotté pieds et mains, torche nu, très affamé après 2 nuits de diète et d´isolement total dans une petite cellule, sans lumière, livré aux moustiques et petits insectes, loin de mes camarades de détention, j´ai répondu : " ...Vous pouvez répondre à la question vous-même mon chef, je suis de la région du Gorgol, regardez autour de nous, une région à majorité négro-africaine pour ne pas dire presque négro-africaine mais le gouverneur est maure, son adjoint est maure, le commandant de la Compagnie de gendarmerie est maure, le commandant de la brigade de gendarmerie que vous-êtes est maure, le commandant du secteur autonome de Kaëdi (région militaire) est maure, le directeur de la sûreté régionale est maure, le commandant de la garde régionale et du centre pénitencier est maure, le préfet du département de Kaëdi est maure, le chef du tribunal régional est maure, le procureur est maure, le juge d´instruction est maure, le directeur régional de la douane est maure, le directeur régional de l´éducation est maure, tous les chefs sont des maures et vous niez l´existence du racisme dans ce pays? ".
Il me regarda et me fixa longuement et me dit :" Tu n´es qu´un petit raciste et un nationaliste étroit, victime du lavage du cerveau des Flam, vous voyez du racisme partout, ramenez-le dans sa cellule, gassaramrak".

Son assistant un MDL Négro-africain du nom de Thiam Demba originaire de Dioudé me regarda et furieux de ma réponse me lança en pulaar : "Aaan ka bartiido" et tu vas payer cher ", ce qui veut dire que tu es suicidaire.
On me ramèna dans ma cellule et c´est un gendarme noir, un sympathisant de la cause Saidou Nourou Mbodj qui m´escorta et ironie du sort il deviendra plus tard le chef d´état-major des Flam pendant les années de braise. 
Arrivé dans ma cellule, il me siffla doucement : " Jeune homme sois fort et reste sur tes positions, ils vont t´intimider, te torturer comme avant mais sois toujours ferme!". Je voyais l´amertume et la colère qui se dégageaient dans son visage mais il ne pouvait intervenir ni me sauver entre les mains de mes tortionnaires et je n´avais que 18 ans à l´époque des faits.

27 ans après notre arrestation et emprisonnement c´est toujours la même situation et les mêmes questions en Mauritanie.

LLC!

Inga kommentarer:

Skicka en kommentar

NOTRE COMBAT

Notre combat est des plus hardis mais aussi des plus exaltants. Nous le continuerons en restant unis dans la détermination et dans la fidéli...