torsdag 23 april 2015

ARCHIVES: Lettre d´un compatriote: J´ai mal dans mon pays.

Cher Elimane Bilbassi merci pour la réponse. je connais le combat qu'ont mené les FLAM et qu'ils continuent de mener. J'ai aussi eu des cousins déportés, je vis chaque jour dans les bus, dans les boutiques, dans la rue, dans les administrations et dans les écoles le racisme primaire; chaque jour. chaque fois que je me réveille, je sais que j'aurais une altercation avec un maure car j'ai le "sang chaud". Chaque jour, je prie pour ne pas me battre, pour ne pas contester, pour ne pas subir, mais chaque jour c'est la même chose: c'est des "tfou" et des "gassar amrak" à longueur de journée. ce n'est qu'une fois à la maison, entouré de ma famille que je vis, que je ris, que je souris. Vous imaginez la crispation pour un nègre, nous qui sommes connus pour nos émotions, nos rires? Un nègre-aigre, voilà ce que je deviens, voilà ma triste destinée. Vous au moins, vous avez le droit de parler, le droit de rire, vous ne vous réveillez pas et trouvez au pas de votre porte un maure qui pisse sur votre mur et qui vous dit, imperturbable: "c'est la voie publique", vous avez subi cela, dans le passé, je suis en train de le subir, mais je ne veux pas que mes enfants le subissent.

Les FLAM sont une élite, et en tant qu'élite, ils doivent trouver des solutions pour le noir de Mauritanie. Ils doivent assurer notre sécurité future, notre rire futur, notre bonheur futur. Le travail mené jusqu'à présent a fait connaître les maux dont souffre le noir mauritanien, il s'agit maintenant de trouver des solutions. Ces solutions passent à mon avis par une remise en question perpétuelle "nous n'avons pas fait assez, nous devons faire mieux" . Moi aussi, je fais ma lutte, à ma manière, je n'ai pas eu la chance de voyager, de militer chez les FLAM, mais je me bats pour ma dignité, chaque jour et je suis croyez-moi, en train de m'essouffler; chaque jour je me bats, je ne peux pas tenir le rythme comme beaucoup ici. J'ai mal, j'ai très mal. Je veux reposer mes nerfs, j'ai envie de vivre sans avoir à me battre chaque jour contre un boutiquier, un ânier, un blanchisseur, un administrateur, un conducteur maures. Vous avez la malchance d'être une élite, vous l'avez choisi, c'est tout à votre honneur( moi je n'ai que le choix de me battre chaque jour), établissez le dialogue avec les démocrates et patriotes maures (je me réjouis de savoir que ce dialogue est déjà établi),mais tant que ce dialogue ne se matérialise pas par des actions visibles, nous continuerons à nous battre chaque matin. 


J'ai aussi comme l'impression que notre orgueil, notre "pulaagu" freine notre combat; le "pulaagu" sied aux militants de bases, à ceux-là que nous voulons convaincre, il ne sied pas à une élite intellectuelle, il ne sied pas à des apôtres, il ne sied pas à une "avant-garde". Une avant garde doit savoir raison garder, dire les mots qu'il faut aux gens qu'il faut et à l'endroit qu'il faut; ne pas dire ces mêmes mots, aux gens qu'il ne faut pas, et à l'endroit qu'il faut(toutes les combinaisons possibles). Nous avons une liberté à conquérir, un pays à conquérir, faisons-le avec les armes qu'il faut. L'hypocrisie et la félonie sont des armes(même s'ils n'ont aucune noblesse) utilisons-les contre ceux-là qui l'ont toujours utilisé contre nous. Pourquoi ne trahi- t'on jamais un maure? serait-il plus intelligent que nous? Non, alors faisons-le, prouvons lui notre "bonne foi" en le trahissant, en l'approchant, en le manipulant. On a souvent tendance à croire que si un maure est avec un noir, c'est que le maure le manipule et ça, c'est une insulte à notre intelligence, c'est une insulte à notre race, mais c'est surtout une excuse pour s'éloigner du maure, une excuse pour ne pas "souiller sa race". Vous avez à l'étranger la chance et la liberté de ne pas travailler pour des maures(car ici, nous sommes tous des esclaves du maure); cette chance vous permet de vous asseoir sur le même plateau qu'un maure et de traiter d'égal à égal avec lui sur une question qui concerne la Mauritanie( cela était pratiquement inenvisageable il n'ya pas si longtemps), les maures ont toujours occupé le champ politique et économique de la Mauritanie, sans partage. Aujourd'hui cela est en train de changer, c'est ce changement qu'il faut mettre à profit, c'est ce changement qu'il faut rentabiliser. lorsque je parlais de virage, c'est de ce virage que je parlais. 
il y'a une mondialisation de la contestation, une mondialisation de la protestation et une mondialisation de changement sociétal, il faut donc occuper ce champ et donner de l'envergure à notre lutte. Je me réjouis de pouvoir m'exprimer sur notre site car c'est avant tout celui de tout négro-mauritanien, et j'aimerais pouvoir continuer à m'exprimer sur ce site car nous nous sommes tus trop longtemps.


Fraternellement, Kolli 

Nouakchott-Mauritanie

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